lundi, mai 14, 2007

Paolina in America [two]

21 août 2006, lundi. Voilà. Pauline est repartie aujourd'hui pour les Etats-Unis. Nous avons quitté la maison ce matin vers 2 heures 30 et nous sommes arrivés peu avant 5 heures à l'aéroport. Nous sommes repartis vers 7 heures après avoir laissé Pauline, seule, avec ses deux grosses valises. Je lui ai dit au revoir en posant deux petits baisers sur ses joues. Mais j'aurais voulu la serrer dans mes bras, lui dire que je l'aimais, qu'elle était ma fille, qu'elle allait me manquer, que j'étais fier d'elle et que sa route soit belle et que je tremble pour elle...
Son avion a décollé à 9h40 heure locale. Vol 305 sur un Airbus A319 de la British Airways à destination de London LHR (Heathrow International Airport). A Londres, elle a pris un autre avion de la British Airways qui décolle à 12h55, heure de Paris, en direction de l'aéroport de Chicago O'Hare International. Finalement l'avion s'est envolé de Londres avec 2 heures de retard...
A Chicago un oiseau d'American Airlines l'emportera vers Des Moines, dans l'Iowa. L'avion doit se poser à 1h30 heure de Paris, demain, mardi. Mais avec les 2 heures de retard de Londres il faut espérer que tous ces oiseaux ne soient pas trop perturbés.
Ma fille dans le ciel, si j'avais des ailes, je t'emmènerai moi-même, sur cette terre américaine.

Tout recommence...

22 août 2006, mardi. Le téléphone a sonné à 3 heures. C'était Vugar qui nous prévenait que l'avion en provenance de Chicago avait du retard et qu'il attendait Pauline à l'aéroport de Des Moines. Et puis à 3 heures 35 nouveau coup de téléphone, de Pauline cette fois. Elle disait qu'il ne fallait pas s'inquiéter, qu'elle était encore à Chicago, qu'elle avait eu peur d'avoir perdu une valise qu'elle a retrouvé finalement dans tout ce remue-ménage, qu'elle avait raté son avion avec tous ces retards, qu'elle attendait le prochain vol dans une dizaine de minutes. Elle parlait vite mais sa voix était forte et naturelle, belle et sereine. A l'entendre parler comme çà je me suis senti tranquille au fond de moi. Avec tous ces avions qui battent un peu de l'aile son voyage aura duré plus de 24 heures... Et à l'heure qu'il est j'attends toujours de ses nouvelles.
23 août 2006, mercredi. Pauline a appelé ce soir pour nous raconter son voyage, son retour à marshalltown, dans le Comté de Marshall. Elle est arrivée finalement hier matin vers 6 heures (heure de Paris) à l'aéroport de Des Moines. Elle est dans un appartement qui n'est pas petit, dit-elle, et pour elle c'est une autre vie qui commence, la vie américaine qui continue...

25 août 2006, vendredi. Pauline a téléphoné ce soir. Elle est allée s'inscrire aujourd'hui au MCC. Elle a pris des cours de musique, piano et psychologie, en même temps que les matières générales obligatoires. Elle va travailler à la bibliothèque, comme l'année passée...
28 août 2006, lundi. Pauline a commencé les cours aujourd'hui au MCC. Elle a travaillé 2 heures à la bibliothèque, et a assisté à ses premiers cours de musique et de psychologie. Tout va bien pour elle et Vugar est là pour prendre soin d'elle, et c'est sa vie belle et loin...

31 août 2006, jeudi. Où est-elle ma petite fille, où est-elle ? Là-bas dans ce pays de cow-boys et d'indiens. Avec toute cette eau qui nous sépare, cet océan, et la vie qui passe doucement...

7 septembre 2006, jeudi. Pauline a appelé ce soir depuis son téléphone. Il a été installé aujourd'hui et Pauline a dit "par un Indien"... Il a fallu lui dire que Câline était morte. Mais de toute façon elle en avait rêvé. Elle a pleuré mais elle voulait savoir ce qui était arrivé. C'est une voisine qui a trouvé Câline dans son jardin, étendue, comme endormie, sous un sapin. Depuis combien de temps était-elle là ? Impossible de le dire. La dernière fois que nous l'avons vue c'était le 20 août dernier, un jour avant le départ de Pauline pour les Etats-Unis. Et puis plus rien, jusqu'à hier...
17 octobre 2006, mardi. J'ai eu Paolina au téléphone quelques minutes ce soir. Elle va bien et sa vie toute américaine coule comme une petite rivière tranquille. Les examens approchent pour elle mais je sais qu'elle va y arriver.
30 octobre 2006, lundi. Souvent Pauline téléphone à la maison. D'elle-même. Elle nous raconte sa petite vie américaine. Une vie pareille, à des kilomètres plus loin. Une vie à Marshalltown, dans l'Iowa. Une petite ville avec des maisons en bois, des maisons en couleur.
Elle dit que sa famille lui manque. La France et tout ce qui vient avec : la cuisine et les bons petits plats, les fromages, la tarte au citron meringuée, la tarte aux fraises...
Elle dit que nous lui manquons mais elle manque ici, aussi. Tous les jours.
La première fois qu'elle est partie il y a eu un grand vide et en août dernier c'était encore plus fort. Quand nous parlons ensemble au téléphone, je n'arrive pas vraiment à lui dire ce que j'ai sur le coeur, mais ce que je sais c'est que je l'aime, que j'aime mes enfants au plus profond de moi, même si je ne le montre pas. C'est comme çà. Je n'y peux rien. Peut-être est-ce parce que je suis un homme, ou sont-ce mes origines mi-lozérienne mi-italienne qui font que je suis comme un bloc de béton. Mais je ne suis pas en béton. Je ne suis pas un robot... Je respire.
17 novembre 2006, vendredi. Dans un mois mangé déjà Pauline revient. Le 16 décembre exactement.
21 novembre 2006, mardi. Pauline, parfois, a des cafards tout gris tout noirs, des ciels d'orages et des tornades, des moments de tristesse, des besoins de tendresse... Les arbres, la rivière, la pluie et les oiseaux, le soleil, le ciel peint en bleu et ce pays sauvage et infini lui redonnent courage. Alors elle s'endort, retourne dans ses rêves et reprend son voyage...
7 décembre 2006, jeudi. Pauline et Vugar sont partis aujourd'hui pour Chicago à 300 miles de Marshalltown. Ils ont rendez-vous le lendemain, le 8, au Consulat de France, pour déposer le dossier en vu d'obtenir le visa de Vugar. Réponse l'après-midi même.
Venir en France...
15 décembre 2006, vendredi. Pauline a pris l'avion aujourd'hui, seule. Des Moines-Paris, via Cincinatti et Boston. Elle arrive demain, 16 décembre à l'aéroport Charles De Gaulle vers 6 h 20, vol AF333A, un boeing 747 d'Air France. Aux dernières nouvelles l'arrivée est prévue avec un peu de retard à 7 h 44...
7 janvier 2007, dimanche. Dans une semaine Pauline s'en retourne aux Etats-Unis... Et le vide doucement remplit mon coeur et mes entrailles. Tout le mois où elle a été là tout était comme avant. Nous étions une famille... Les jours coulaient comme une rivière fragile, facile. Tout simplement, tout lentement.
12 janvier 2007, vendredi. Plus que 3 jours, 3 petits jours d'amour, 3 petits jours lourds, 3 petits jours trop courts avant que Pauline ne s'en aille dans le ventre de ce gros oiseau de fer au dessus de la mer, loin, si loin, dans ce pays de cow-boys et d'indiens...
14 janvier 2007, dimanche. Départ à 15 h pour l'aéroport Charles De Gaulle. Pauline prend l'avion à 18h50 vol 8554 de la compagnie Delta Air Lines Inc, un Boeing 777, direction New York aéroport John F. kennedy (temps de vol 8h10). Miles 3630.
15 janvier 2007, lundi. Départ à 6h00, heure locale, de New York vers Cincinnati (Ohio). Vol DL5079 sur un Canadair Regional Jet (temps de vol 2h26). Miles 580. Départ de Cincinnati à 9h25 arrivée à Des Moines à 10h13 (heure locale). Vol Delta Air Lines Inc. 5453. Temps de vol 1h48, Miles 504.

Ma fille, oh mon Ange, tu me manques déjà...
18 février 2007, dimanche. Les jours passent lentement avec des ciels trop gris pour quelques morceaux de soleil trop froid. Pauline est là-bas, de l'autre côté de la Terre, indienne et seule. Elle va aller 2 heures par semaine dans une école pour apprendre l'anglais à un petit garçon français âgé de 9 ans et qui vient d'arriver à Marshalltown avec son père. C'est pour elle une belle expérience. Et je sais qu'elle va y arriver...
14 mars 2007, mardi. Pauline Code... Pauline peut conduire une automobile depuis aujourd'hui mais en conduite accompagnée, jusqu'à ce qu'elle passe son permis, puisqu'elle a eu son code ce jour. Bravo ma grande fille. Je suis fier mais le garde.
24 mars 2007, samedi. Pauline a pris sa première leçon de conduite aujourd'hui, et si tout va bien dans un peu moins d'un mois, après l'examen, elle pourra arpenter les routes des Etats-Unis sur quatre roues...
4 avril 2007, mercredi. Il faut que j'écrive à Pauline. Creuser dans la terre pour trouver des mots nouveaux...
6 avril 2007, vendredi. Posté aujourd'hui la lettre number one de et pour Paolina in america [two]. Il n'y a rien de raisonnable, là. Ecrire à sa fille, oui. Mais faire courir les mots, les envoyer par colis, groupés dans la soute d'un avion ; trop, ils sont perdus. Je veux croire que non...
27 avril 2007, vendredi. Le temps passe, lentement mais sûrement. Avec des moments de ciel bleu. Avec des moments rouillées parfois. Pauline ne peut pas passer son permis ; une histoire de délai. Elle devra repasser l'ensemble à son retour, à la fin de l'été. De la rouille, des feuilles mortes. Mais la rivière est libre d'aller où elle veut...
3 mai 2007, jeudi. Posté les dernières lettres to Paolina in america, twenty-nine and thirty. En attendant le reste de la vie...
11 mai 2007, vendredi. Dans quelques jours Pauline revient. Avec plus d'Amérique en elle.
12 mai 2007, samedi. Un dernier week-end, à peine. A tourner comme un chien. Ecouter la pluie tomber comme une petite musique amie. Un week-end à faire des cartons dans sa tête. Pauline prend l'avion demain. Dimanche. Escale à Atlanta en Georgie et puis au-dessus de la mer si bleue, si vague.
13 mai 2007, dimanche. Pauline a pris l'avion à 15h30 d'Atlanta en Georgie, vol Air France 8985, un Boeing 767 de 300 passagers.
14 mai 2007, lundi. Minuit deux. Dans quelques heures. Sur la route : direction Pauline, Aéroport de Paris...
15 mai 2007, mardi. Pauline est de retour à la maison, sa maison. Elle a dormi dans sa chambre, comme avant. Jusqu'à quand ? Jusqu'au prochain départ, la nouvelle suite d'un autre épisode de sa vie américaine.
Paolina in america [three].
End...

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4 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Quand on aime quelqu'un il faut le lui dire... ce n'est pas une question de sexe, ni d'origine... la vie est incertaine, chaque jour qui passe est incertain, il faut faire de chaque jour comme s'il était le dernier et dire aux gens qu'on aime...je t'aime...ce n'est pas être faible, c'est donner...de l'amour... et éviter les regrets...

8:30 PM  
Anonymous Anonyme said...

Je t'aime!!!! Papouney!!!

12:37 AM  
Blogger nicole FRAYSSE said...

tu te rends compte comme c'est beau l'amour d'un enfant!!!

quel beau message d'amour d'un père à sa fille, à ses enfants.... j'ai rarement eu l'occasion de lire d'aussi jolies choses
Nicole

8:32 PM  
Blogger nicole FRAYSSE said...

mais au fait elle est revenue ta fille?
meilleurs voeux

Nicole

5:00 PM  

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