mercredi, novembre 30, 2005
dimanche, novembre 27, 2005
Je suis un Loup
Je suis un loup un point c'est tout
J'aime la nuit l'eau et la boue
J'aime aller boire au fond des flaques
La pluie qui vient des ciels qui craquent...
J'aime la nuit l'eau et la boue
J'aime aller boire au fond des flaques
La pluie qui vient des ciels qui craquent...
Libellés : Poème[s]
vendredi, novembre 25, 2005
mercredi, novembre 23, 2005
La belle et le shérif
Au début, elle pensait que c’était un jeu. Elle riait. Son petit frère aussi. Il jouait au cow-boy avec les autres gosses du quartier et de ce fait c’était toujours lui le shérif, vu qu’il avait déjà l’insigne.
Elle, avec cette petite tache jaune (comme une broche) cousue sur sa blouse grise d’écolière et ses longs cheveux noirs bouclés qui tombaient sur ses épaules, ça la rendait mille fois plus belle encore.
Je l’aimais. Je l’ai aimée. Je ne lui ai jamais dit. Elle était trop belle. Elle m’aurait ri au nez. Peut-être…
A compter de ce jour tout changea pour elle et autour d’eux, son frère et ses parents. A croire qu’ils étaient tous malades dans sa famille et que c’était une maladie contagieuse. C’est vrai aussi qu’elle était de plus en plus belle et, comme dit mon grand-père, «la beauté attise la jalousie ». Mais enfin, c’est mon grand-père.
Un soir, des soldats sont venus les chercher. Tous les shérifs et toutes les belles du coin. Ils sont partis vers la gare, pour un voyage sans bagages. Et le temps n’a plus rien dit.
J’ai compris. Plus tard. Bien plus tard. L’étoile. Les étoiles. Dans le ciel. Elle brille. Elles brillent et puis plus rien, tout s’éteint, tout s’éteint, la belle et le shérif. Les étoiles.
Elles étaient six millions dans un morceau de ciel qui n’existe plus…
Au début elle pensait que c’était un jeu…
Août 1996 (Prix de la nouvelle, 1999, Loos-en-Gohelle)
Elle, avec cette petite tache jaune (comme une broche) cousue sur sa blouse grise d’écolière et ses longs cheveux noirs bouclés qui tombaient sur ses épaules, ça la rendait mille fois plus belle encore.
Je l’aimais. Je l’ai aimée. Je ne lui ai jamais dit. Elle était trop belle. Elle m’aurait ri au nez. Peut-être…
A compter de ce jour tout changea pour elle et autour d’eux, son frère et ses parents. A croire qu’ils étaient tous malades dans sa famille et que c’était une maladie contagieuse. C’est vrai aussi qu’elle était de plus en plus belle et, comme dit mon grand-père, «la beauté attise la jalousie ». Mais enfin, c’est mon grand-père.
Un soir, des soldats sont venus les chercher. Tous les shérifs et toutes les belles du coin. Ils sont partis vers la gare, pour un voyage sans bagages. Et le temps n’a plus rien dit.
J’ai compris. Plus tard. Bien plus tard. L’étoile. Les étoiles. Dans le ciel. Elle brille. Elles brillent et puis plus rien, tout s’éteint, tout s’éteint, la belle et le shérif. Les étoiles.
Elles étaient six millions dans un morceau de ciel qui n’existe plus…
Au début elle pensait que c’était un jeu…
Août 1996 (Prix de la nouvelle, 1999, Loos-en-Gohelle)
mardi, novembre 15, 2005
Au fond du couloir à droite
Au fond du couloir à droite pousse une ville désespérée une ville folle à lier belle à pleurer une ville remplie de robots pressés aveugles et affairés ou parfois immobiles et bien assis perdus dans des rêves archivés
Dans cette ville métallique à rouiller subsiste des morceaux de traces humaines comme de la peinture écaillée, un caillou, un bout de papier jeté sur le sol un éclat de verre du bois un peu de toi
Derrière cette ville froide et mécanique insensible et impossible se cache une autre ville pareille et différente toute à la fois une ville légère et claire comme l’eau de la rivière une ville de promenades et d’oiseaux une ville douce et paisible à même la peau une ville qui bat un cœur et des fleurs une ville d’herbes et de jolis mots une ville d’arbres une ville de la couleur de tes yeux
Et derrière cette ville il y en a une autre et une autre et une autre encore des villes et des villes à perte de vue innombrables immenses et lointaines humaines ou bétonnées des villes de rien sous la pluie des villes d’ennui si jolies
Dans cette ville métallique à rouiller subsiste des morceaux de traces humaines comme de la peinture écaillée, un caillou, un bout de papier jeté sur le sol un éclat de verre du bois un peu de toi
Derrière cette ville froide et mécanique insensible et impossible se cache une autre ville pareille et différente toute à la fois une ville légère et claire comme l’eau de la rivière une ville de promenades et d’oiseaux une ville douce et paisible à même la peau une ville qui bat un cœur et des fleurs une ville d’herbes et de jolis mots une ville d’arbres une ville de la couleur de tes yeux
Et derrière cette ville il y en a une autre et une autre et une autre encore des villes et des villes à perte de vue innombrables immenses et lointaines humaines ou bétonnées des villes de rien sous la pluie des villes d’ennui si jolies
Au fond du couloir à droite se cache ton amour malade ton amour insaisissable ton amour en embuscade ton amour de quelques secondes ton amour autour du monde ton amour qui vagabonde ton amour et personne d’autre à la ronde. Des caresses sur ta joue des mots d’amours de rien du tout
Au fond du couloir à droite il y a cette mort étrange et inconnue cette mort qui me hante cette mort présente et familière que j’essaie d’ignorer que j’essaie d’oublier qui me suit qui me bouffe la vie qui mange mon temps mes dents et mes cheveux
Au fond du couloir à droite tout s’entasse et tout s’abîme les colères et les regards chaque jour les mêmes gestes les mots d’amour et les poèmes la misère et ta jeunesse les coups de poing les caresses la détresse dans tes mains le chagrin la poussière hier et demain
Au fond du couloir à droite tout s’entasse sans rien dire la faim la soif le bonheur un peu de malheur et pas de chance triste dimanche que du silence un désespoir d’amoureuse la neige fond des petits ruisseaux de tristesse
Au fond du couloir à droite les jours de peine les jours de joie les jours se suivent et tu t’en vas les jours d’ennui le jour la nuit les jolis jours et tu reviens un beau matin
Au fond du couloir à droite la vie est belle parfois comme le bout de tes doigts comme le bruit de tes bas comme je ne sais quoi…
Au fond du couloir à droite j’ai des rêves industriels des usines abandonnées des machines rouillées qui crèvent des ordres comme des aboiements le travail est maladie folie le jour folie la nuit mais le mot grève c’est du sable
Au fond du couloir à droite les oiseaux insaisissables et rien sur la table rien pas un mot d’amour de toi à peine de temps en temps comme un souvenir comme un printemps comme une idée qui traîne dans la tête comme le bruit léger des ailes d’un papillon j’entends ta jupe voler dans les coins sombres de ma mémoire et je reste là comme un chien inutile et perdu comme un loup après tout pauvre et abattu au fond du couloir à droite…
23 mai 2005
[Prix Louis Amade, 2005, Paris. Depuis ce texte a été mis en musique par Michel Camillo devenant ainsi un électropoème...]
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